
J'ajoute à ces circuits quelques tours dans un secteur très peu fréquenté de côté lorrain du Col du Donon. Après avoir fait x tours côté sud du Donon vers St Dié, je me suis intéressé au côté nord, immense secteur forestier avec les vallées des affluents de la Sarre et de la Zorn. Ici, pas question de revenir en train en cas de fatigue. Si l'on part du secteur du Donon, on descend côté lorrain au dessus d'une vallée et ensuite il faut remonter sur une dizaine de km de l'autre côté.
On trouve dans les fonds de petites routes goudronnées où passaient autrefois des voies ferrées. Après, pour monter au niveau de la crête, plus de goudron et c'est raide. la seule route forestière goudronnée jusqu'en haut et ouverte au trafic routier c'est celle de la Zorn Jaune qui depuis Lutzelbourg et Enteneck monte à Elsassblick sur la Route des Russes. On peut aussi passer bien sûr par la Hoube et le col de Valsberg, mais là c'est la grande route. Dans ce côté lorrain on trouve quelques abris: celui du Parc aux Boeufs près du Col du Brechpunkt dans la forêt domaniale d'Abreschwiller, celui près du Rond-Point des Pommiers sous la Tête de la Gorge aux Sangliers, refuge Roger Fourmann, avec une belle vue vers le secteur de Belle-Roche. Il a été construit, comme le précédent, pour abriter les bûcherons après la tempête Lothar du 26 12 1999. Plus au Sud, on trouve l'abri Paul Bechler sur le Chemin de Pierre St Quirin à 615 sous la Tête du Frésillon. Encore un dernier: l'abri de la Croix Chevandier au dessus de Turquestein-Blancrupt qui s'appelle abri Charles Klein. Sur la crête: l'abri du Roulé Bacon au dessus de Raon -lès- Leau et celui du Col de la Charaille. A cela on peut ajouter les abris naturels de Belle Roche et de la Grotte des Bacelles. Dans tout ce côté lorrain il est rare de rencontrer des gens, parfois des bûcherons, quelques marcheurs sur le GR 5 ; une fois, un groupe de cyclistes venus du côté de Sarrebourg.
La vallée du Blanc Rupt est déserte aujourd’hui, on est surpris de voir une mairie à Turquestein sans village autour. Il n’en a pas toujours été ainsi. Le curé de St Quirin a écrit à ce propos dans la revue l’Essor de sept 1992 : « Au xx siècle la merveilleuse vallée de la Sarre blanche ou Blancrupt était parsemée de huit maisons forestières, quinze scieries et dix-huit fermes. Bourdonnante ruche de bûcherons, ségards, flotteurs, éleveurs et laboureurs. A l’époque, ni route , ni prés. Simplement la petite Sarre, un chemin carrossable et la forêt. Maisons dans les clairières et les basses, moulin de Ricarville et scieries sur l’eau. A l’entrée de la vallée, le Château des évêques de Metz, un des plus anciens de Lorraine, une forteresse inaccessible au dessus de la Sarre en un point stratégique déjà occupé par les Romains. Il fut démantelé en 1634. ». L’auteur de l’article s’attache ensuite à évoquer la petite chapelle Notre-Dame de Délivrance, ancien lieu de pèlerinage et de marché.
A propos de scieries de la vallée du Blanc Rupt : un article d’Etienne André l’Essor n°156 : de l’amont vers l’aval : " la scierie du Pâquis a cessé son activité peu après la guerre de 1914, la scierie de la Noire Basse détruite par la foudre vers 1880, la scierie de Herlepont, la scierie du Pêcheur, la scierie du Port, la scierie du Château, la scierie du Bally, la scierie du Marquis en activité jusqu’au début de la dernière guerre, la scierie de Ricarville en service jusqu’en 1949, la scierie de Petitmont, la scierie de la Basse Léonard, la scierie Febvrel et d’autres dans les « basses » adjacentes telles la scierie de la Princesse dans la Basse Léonard, la scierie du Houzard dans la basse du même nom pratiquement intacte vers 1936, mais non en activité."
A propos des forêts de la vallée du Blancrupt: les forêts de la rive droite sont des forêt domaniales : Forêt Domaniale d’Abreschwiller, Forêt Domaniale de St Quirin. Les forêts rive gauche sont privées.
D’un article de l’Essor n°156 de M. Georges EPPE, j’extrais ces lignes sur la Forêt des Marches Forêts Chevandier dite Forêt de la Comtesse ( à l’Est de Cirey sur Vezouse) : « pour mieux situer l’importance de la forêt, nous citerons à titre indicatif la consommation de bois de la glacerie de Cirey en 1926 : 25 300 stères par an, la faïencerie Pacotte de Cirey 1 500 stères par an. Bertrambois possèdait deux poteries dont l’une appartenait à la princesse de Poix, Hamoze avait aussi sa faïencerie, Frémonville sa tuilerie. Saint- Quirin, Monthermé avaient aussi leur verrerie.
La famille Chevandier de Valdrôme possédait 2 500 ha de forêts au moment où les héritiers en prirent possession. Mais de nombreuses donations ou legs à des paroisses du proche secteur, ou pour la construction des asiles, des écoles et orphelinats avaient été faites; c’est dire l’importance de la forêt fortement malmenée à cette époque pour alimenter les fours.
Retour au vélo : le 20 Juillet 2009: par les CHEMINS d'ALLEMAGNE depuis le Donon ou autour du Ruisseau de SAUSSENRUPT.
Il ne s'agit pas de proposer un itinéraire nickel pour le vélo mais c'était pour moi l'occasion d'explorer ce secteur sauvage couvert de forêts avec ces lignes de crêtes qui descendent vers la Lorraine du côté de Val et Châtillon. C'est le moment de penser à Jacques LACARRIERE qui a commencé par là une traversée de la France à pied et a écrit dans « Chemin faisant » « les Vosges meurent doucement » (je cite de mémoire, à vérifier)
départ :13 H à la Croix Gardon, parking au bord de la D 993 qui descend du Col du Donon vers Cirey sur Vezouze.
le but : descendre par le Petit Chemin d'Allemagne vers le secteur du Grand Rougimont et remonter par le Grand Chemin d'Allemagne que j'ai déjà parcouru à pied et qui me semblait faisable en VTT, le Petit Chemin d'Allemagne me paraissant plus pentu par endroits d'après la carte donc plus indiqué pour la descente que pour la montée.
Passage à l'abri de la Croix de Fer avec un large auvent, puis par la Traverse de St Pierre on fait le tour de la Côte de l'Eglise avec une belle vue sur la Vallée de la Plaine et on descend derrière au point 613 sur la petite route de la Basse de Réquival.
On traverse la route pour monter à l'abri du Roulé Bacon à 736 m, c'est une petite route goudronnée. En haut la porte de l'abri n'est pas fermée à clé. Roulé Bacon c'est le début de la voie dite romaine.
Cet abri est au dessus du parking au point 532 dans la Basse de Réquival, parking qui peut aussi servir de point de départ. De ce parking 532 on peut monter à pied à Roulé Bacon par le sentier aux 32 tournants ( j'en ai compté plutôt 33) à travers une belle forêt ou vers le Col de la Charaille à vélo (ou à pied, mais c'est assez long) ou au Roulé Bacon à vélo par la route goudronnée ( mais c'est assez raide).
Du Roulé Bacon au Col de la Charaille: un large chemin forestier en mauvais état avec quelques fondrières pleines d'eau en cet été humide. On peut rester sur le haut ou suivre le chemin qui contourne un peu le haut de la Charaille vers le nord et qui est fléché ( n'existe pas sur les cartes un peu anciennes). L'abri du Col de la Charaille est bien tenu, la porte n'est pas fermée à clé, il y a même un miroir, un poêle, j'y resterais bien un peu mais il est déjà 14h15 et des nuages noirs s'amassent au dessus, alors direction le Petit Chemin d'Allemagne par la croix rouge.
Au début ça descend par un large chemin forestier, Route de la Belle Ligne, puis on quitte cette route et on descend, on descend encore par ce chemin en mauvais état. Il a dû être bien fréquenté autrefois vu son encaissement par endroits mais c'est vraiment pas l'idéal pour passer en vélo, il y a des pierres, des herbes, des branches de sapin en travers. A un moment il devient un sentier qui disparait dans les fougères et les ronces, impossible de passer. J'ai contourné à droite puis plus bas à gauche en restant sur le chemin forestier pour retrouver le marquage plus bas. J'ai voulu aller au Trou Marmot, histoire d'aller vers le Nord en direction du Grand Rougimont, mais là, j'ai renoncé, trop d'herbes sur ce sentier, dans les herbes il y a des tiques, alors j'ai continué à descendre.
Je suis arrivé à une intersection: à droite cela va vers les Moises et le Grand Rougimont, à gauche vers le Col de Todlaine et devant ce large chemin continue à descendre; c'est tentant, je me dis qu'il arrivera bien quelque part, mais après avoir passé deux grandes portes dans la clôture d'un parc à gibier, je me trouve devant une porte cadenassée comme pris au piège. Pas moyen de passer.
Ce n'était pas le bon choix, mais en remontant il y a une autre porte cadenassée avec une échelle sur le côté. Le vélo passe par dessus et moi aussi.
On retrouve le chemin fléché vers le Col de Todlaine avec une vue vers des rochers qui rappellent en miniature ceux de la Suisse Saxonne, sans doute la Roche des Druides.
Depuis je suis revenu dans ce secteur à pied pour y voir un peu plus clair: en venant du Roulé Bacon par la Basse Verdénal ( sentier supprimé, rond jaune) qui est un coin sauvage le long du ruisseau puis en montant à gauche aux Moises, on longe la clôture ( on peut voir la différence dans la végétation entre le secteur protégé à droite et le côté non protégé), en fois en haut le sentier redescend en longeant la clôture ( avec quelques branches de sapin qui gênent) et il débouche par une échelle sur le virage de la route forestière au M du mot Moises sur la carte au 1/25 000. Cette route forestière est marquée rectangle vert et mène vers l'ouest vers la Roche des Druides ou Val et Châtillon ( GR 533). De la Roche des Druides je voulais revenir à pied au Roulé Bacon par le Grand Rougimont que l'on aperçoit de l'autre côté du vallon et par le Grand Chemin d'Allemagne mais je n'ai pas trouvé le sentier qui descend à 347 et je suis revenu sur mes pas pour rejoindre le Petit Chemin d'Allemagne. Juste avant ce carrefour du M des Moises le sentier est balisé à droite, il monte raide le long de la clôture et redescend vers le Petit Chemin d'Allemagne qui mène d'un côté à Val et Châtillon et de l'autre au Col de la Charaille( dans ce cas on peut éviter la partie pleine d'herbes du Plain de Sable en passant par 501 et là à doite ( voir dans Chemins d'Allemagne 2 )
retour à ma balade en VTT de 2009: Après le secteur des Roches de Todlaine, avant 531 une intersection, on entre dans le Bois du Grand Retour : à gauche vers les Roches du Corbet, à droite vers les Moises. Je vais vers la droite sur un chemin plein d'herbes ( je me relis après être repassé par là en 2016: en fait ne suis pas plutôt allé tout droit en suivant le balisage vers Val et Châtillon?). Cela descend en passant près d'un grand rocher avec un abri mais je ne prends pas le temps de regarder davantage, Je vois la plaine qui se rapproche, des éoliennes au loin, je ne vais quand même pas descendre jusqu'à Val et Châtillon ! Je croise un couple à pied, chacun sa poussette avec deux enfants très blonds, la civilisation n'est pas loin ! En effet j'arrive à l'abri de la Croix Colin où ils ont leur voiture, ce sont des Hollandais. Le chemin avec la croix jaune part vers Saussenrupt pour amorcer le retour vers l'Est. Il est 16h.
Ce n'est pas vraiment fait pour le vélo, c'est raide au début, encombré, très humide par endroits et cela descend encore. Vers le bas le sentier marqué se perd dans la végétation et je passe de l'autre côté du ruisseau où il y a un chemin bordé de stères de bois.
Finalement j'arrive à Saussenrupt que je pensais être un hameau, en fait il y a un château que l'on ne voit pas et près du pont une grande maison fermée. Là j'ai un peu cherché mon chemin avec la croix rouge, sur la carte du Donon au 1/25 000 mise à jour en 1993 il y a une croix rouge pour aller vers la Maison Forestière du Gros Chêne, mais sur la carte de 2007 à la même échelle c'est balisé GR 534 avec losange rouge, losange bleu et croix jaune.
Ce carrefour 324 est le point le plus bas de ce tour (324 m). On est près du Château de St Catherine sans le voir. Il a été construit par Auguste Chevandier, né à Lyon en 1781, il épousa Catherine Claire de Guaïta, la fille du directeur de la verrerie de Lettenbach ( au Sud d'Abreschwiller), verrerie en activité de 1740 à 1840. Il fut conseiller général de la Meurthe, député de l'arrondissement de Sarrebourg, pair de France sous Louis Philippe. Un de ses fils fut directeur de la verrerie de Cirey sur Vezouze, il fut aussi député et ministre de l'Intérieur dans les derniers mois du Second Empire. Je tire ces notes d'un article de la revue les Vosges 4 / 2015 de François Clade et Roland Kleine.
Je prends cette petite route. Plus haut, une grande bâtisse, une ancienne scierie qui a servi un moment de gîte rural mais tout est fermé. Cette petite route qui monte doucement le long du ruisseau c'est vraiment super, attention quand même à ce grumier qui descend à vide un peu vite. ( En relisant ces notes et après être repassé par là je me demande par où je suis vraiment passé en 2009, j'ai décalqué l'itinéraire avec un passage par la Maison Forestière du Gros Chêne à 409, mais j'ai écrit que la route monte le long d'un ruisseau, donc je suis plutôt passé le long du Ruisseau de Saussenrupt puis du Ruisseau de Laro pour monter à 347 vers le Grand Chemin d'Allemagne ) malheureusement, il faut la quitter pour monter à gauche vers le Grand Chemin d'Allemagne, c'est raide et par moments plein d'herbes, il faut pousser le vélo. Plus haut on trouve ces grandes dalles de grès qui ont fait passer ce chemin pour une voie romaine. Il y a des traces de roues de chariots. Par là passaient des cargaisons de charbon de bois pour les Forges de Framont près de Grandfontaine. C'est pavé ainsi sur les 9 km de montée jusqu'au Roulé Bacon, un travail de Romains en effet mais plus récent sans doute.
Finalement quand j'arrive à l'embranchement vers le Grand Rougimont il est 17h30, je ne veux pas m'attarder et ce sera pour une autre fois. L'an passé j'y étais allé à pied en descendant par ce Grand Chemin d'Allemagne depuis Roulé Bacon mais de ce rocher on ne voyait rien, il faisait trop mauvais temps. Un temps à remplir les chaussures d'eau ! J'étais remonté au Roule Bacon par la Basse Verdénal (rond jaune), c'est très humide et très sauvage. J'y verrais bien pousser des osmondes royales. On pourrait en implanter là.
En pédalant et en poussant le vélo sur ce Grand Chemin d'Allemagne on monte au Roulé Bacon. Ce n'est pas très confortable ces dalles, il y a des espaces entre où la roue peut se coincer. C'est quand même bien mieux que le Petit Chemin d'Allemagne et c'est une émotion particulière de faire passer ses roues dans ces traces de chariots. C'était la frontière entre 1871 et 1918, il y a encore quelques bornes. En passant aux Auges de Martimont je me suis arrêté un moment pour voir travailler une machine qui avançait dans le bois en saisissant les sapins pour les couper et les ébrancher en deux temps et deux mouvements; un monstre mécanique que j'avais entendu de loin.

Les Auges de Martimont
Juste avant le Roulé Bacon je prends à gauche pour rester en hauteur vers la Croix Gardon, c'est toujours le G.R. Mais là encore il y a des fondrières, beaucoup d'herbes par endroits. Je me demande si je suis bien encore sur le bon chemin, à un embranchement j'aurais peut-être dû passer à gauche ? Un renard s'enfuit à mon approche. Alors plus loin ça descend sans doute trop et je remonte un peu vers la gauche, pour ne pas descendre dans la Basse de Réquival. Je retrouve le chemin avec des traces de chariots, il passe au pied d'un affût de chasseur ( affût en mauvais état en 2019) sous la Chaume de Réquival avec la belle vue sur la haute vallée de la Plaine.
Plus loin on retrouve un petit signe, c'est bien le bon chemin ; il descend d'un coup vers la Croix de Fer. C'est raide, il y a des pierres, aussi je descends à pied. Je retrouve la civilisation, il y a de la musique en bas: les chevaliers du zodiaque à fond la caisse, une voiture, trois jeunes en train de faire griller des saucisses avec un gros bouledogue. Ils me proposent de boire quelque chose mais il est déjà assez tard; j'arrive à la voiture à la Croix Gardon à 19h 15.
Bilan : C'est un très beau coin pour pédaler, vraiment sauvage, sans habitations ou lignes électriques, mais il faudra trouver des chemins plus roulants pour ce tour du Saussenrupt, Chemins d'Allemagne ça fait rêver mais ce n'est pas l'idéal pour le vélo, surtout le Petit !
Quant aux tiques, avec toutes ces herbes, on en trouve encore sur soi un ou deux jours après !
Pour le Grand Rougimont ce sera pour une autre fois.
Comme m'a dit Odette, figure bien connue du club vosgien de Molsheim: «de là bas, on dit : s'ech met brater zue geneugelt ».Traduction : c'est fermé avec des planches clouées = c'est le bout du monde, après il n'y a plus rien, c'est le nomansland.
J'ai refait un compte rendu d'un tour des Chemins d'Allemagne depuis Roulé Bacon, il s'appelle Chemins d'Allemagne 2.

Roulé Bacon